La Lèpre

Introduction

La lèpre est une maladie infectieuse chronique provoquée par le bacille Mycobacterium leprae.

La maladie, se transmet par les gouttelettes d’origine buccale ou nasale de patients sévèrement atteints. Elle n’est pas très contagieuse, sauf par contacts étroits et durables auprès de porteurs infectés et non traités. En outre, le sol infecté et les insectes vecteurs (punaises, moustiques) pourraient jouer un rôle dans la transmission de la maladie.

Historique

La lèpre était reconnue dans les civilisations antiques en Chine, en Égypte et en Inde. La première mention écrite connue de cette maladie remonte à 600 avant J.-C. De tout temps, les malades ont été rejetés par leur communauté et leur famille. Dans les années 1940, la mise au point de la dapsone, a permis de stopper la maladie. Dans les années 1960, le bacille M. leprae commence à résister à la dapsone, ce qui a permis de découvrir la rifampicine et la clofazimine. En 1981, OMS a recommandé l’usage de la polychimiothérapie (PCT). Celle-ci comprend trois produits: la dapsone, la rifampicine et la clofazimine; cette association médicamenteuse détruit l’agent pathogène rapidement et guérit le patient.

L'élimination de la lèpre

Depuis 1995, l’OMS met ce traitement gratuitement à la disposition de tous les sujets atteints dans le monde. En 1991, l’OMS adopte une résolution pour parvenir à éliminer la lèpre, (considéré comme problème de santé publique), à l’horizon 2000. L’objectif a été atteint dans les délais grâce à l’emploi généralisé de la PCT.

Ces 20 dernières années, plus de 14 millions de patients ont été guéris de la lèpre, et environ 4 millions depuis 2000. Le taux de prévalence de la maladie a baissé de 90%, passant à 1 cas pour 10 000 en 2000. La charge mondiale de morbidité a diminué de façon spectaculaire: de 5,2 millions en 1985, pour tomber à 181 941 cas à la fin de 2011. La lèpre a été éliminée dans 119 des 122 pays où, en 1985, elle était considérée comme un problème de santé publique. Jusqu’ici, il n’y a pas eu de résistance au traitement antilépreux utilisé. Les efforts portent actuellement sur l’élimination de la lèpre au niveau national dans les derniers pays d’endémie.

Symptôme

On distingue deux formes cliniques :

La forme multibacillaire, correspondant aux formes lépromateuse et intermédiaires.

C’est une maladie générale. Ces patients sont contagieux.

  • l’atteinte cutanée prédomine, puis apparaissent les lésions typiques, les lépromes, prédominant au visage.
  • l »atteinte des nerfs.
  • environ la moitié des patients développent un érythème noueux lépreux (ENL) au cours des toutes premières années d’antibiothérapie efficace. Cette réaction peut survenir spontanément avant le traitement, facilitant le diagnostic, ou elle peut survenir jusqu’à 10 ans après le traitement.

Symptôme

s’y associent des atteintes :

  • ORL (rhinite sanglante, perforation, mutilation nasale),
  • Ophtalmologiques, – nerveuses, – viscérales

La forme paucibacillaire, correspondant essentiellement à la forme tuberculoïde. Cette forme de lèpre est la plus fréquente. Elle associe :

  • de grandes taches dépigmentées sur la peau. Les éruptions cutanées, comme dans toutes les formes de lèpre, sont non prurigineuses.
  • des troubles nerveux touchant les membres, avec troubles de la sensibilité et anomalies cutanées : ulcères, maux perforants, mutilations, paralysies.

Si elle n’est pas traitée, la maladie a d’effroyables conséquences : cécité, paralysies et mutilations. Parfois, l’amputation des membres est même obligatoire. Sans parler de l’exclusion sociale dont souffrent les malades.

Le Bénin et la lèpre

Le dispensaire de Davougon, à 130 km de Cotonou, est l’un des huit centres pour lépreux de ce petit pays d’Afrique occidentale, peuplé de 8,7 millions d’habitants. Situé à quelques encablures de la célèbre ville d’Abomey, le centre accueille de nombreux patients : victimes du VIH, de la tuberculose, de l’ulcère de Buruli et de la lèpre.

« La lèpre, est une maladie qui fait peur. Pourtant, elle se soigne très bien, et on peut même en guérir assez vite et sans aucune lésion si elle est diagnostiquée rapidement. Le traitement tue le bacille à 90 % dès la première dose. Mais il faut compter de six à douze mois pour guérir totalement. Les cas de résistance sont extrêmement rares et les risques de rechute quasiment nuls. Au Bénin, on compte chaque année environ 300 nouveaux cas de lèpre, contre 800 il y a dix ans. Près de 70 % d’entre eux sont multibacillaires, la forme contagieuse de la maladie. Les résultats enregistrés ces dernières années sont encourageants, toutefois la bataille contre la lèpre n’est jamais totalement gagnée, à cause de la longue période d’incubation. », Explique le Dr Roch Christian Johnson, conseillé médical de la fondation Follereau.

Au dispensaire de Davougon, où les soins sont gratuits, on peut voir les lépreux se promener dans les allées ou se reposer sur des nattes, à l’ombre des arbres. Les bâtiments ont été aménagés par Christian Steunou, un prêtre catholique de l’ordre des camilliens. Il vit aux côtés des lépreux du Bénin depuis plus de quarante ans. « La vieille léproserie de Davougon a été créée dans les années 1950 par des soeurs missionnaires, raconte-t-il. Lorsque nous leur avons succédé, nous y avons trouvé des lépreux tristes et isolés. Notre premier travail a été de les soigner puis de les raccompagner chez eux. »

La réinsertion des anciens lépreux est une priorité pour le dispensaire.

« Nous tentons toujours de les réinstaller dans leur village d’origine et au sein du carré familial afin de ne pas créer des ghettos d’anciens lépreux vivant de la mendicité, explique Christian Steunou. Nous aidons certains à cultiver un lopin de terre, d’autres à développer un petit commerce ou à apprendre un métier. Nous collaborons aussi avec un centre qui accueille des malades mentaux. Certains ont vécu enchaînés pendant des années… »

Il arrive parfois que d’anciens lépreux préfèrent rester au dispensaire plutôt que de rentrer chez eux. Paul, la quarantaine, fait partie de ceux-là. Il a débarqué au centre en 1997 avec des taches sombres sur le corps. Elles ont disparu au bout de quatre mois et il est aujourd’hui aide-soignant au dispensaire de Davougon