L’Ulcère de Buruli

Introduction

L’ulcère de Buruli est une infection cutanée, causée par la bactérie Mycobacterium ulcerans, qui appartient à la même famille que l’agent de la lèpre et de la tuberculose. C’est la maladie la plus fréquemment rencontrée actuellement après la tuberculose et devant la lèpre, dans un grand nombre de pays de la zone intertropicale.
L’infection à Mycobactérium ulcerans conduit souvent à une destruction étendue de la peau et des tissus mous, avec formation d’ulcérations importantes généralement sur les membres, pouvant entraîner des déformations et des incapacités permanentes.

Historique

L’ulcère de Buruli a été reconnu pour la première fois en 1897 à Buruli district en Ouganda par A Cook; le nom « ulcère de Buruli » est employé depuis 1950; McCallum en complète la description en Australie en 1958.Il y a eu une augmentation spectaculaire des cas dans le monde depuis les années 1980. Actuellement, l’Ulcère de Buruli est essentiellement répartis dans des pays avoisinant surtout les régions tropicales à climat chaud et humide :

En Afrique : Angola, Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Côte d’Ivoire, Congo, Gabon, Ghana, Guinée, Guinée équatoriale, Liberia, Malawi, Mali, Nigeria, Ouganda, RDC, RCA, Sénégal, Sierra Leone, Soudan, Togo.

Les foyers sont circonscrits, presque toujours autour d’un écosystème aquatique (fleuves, lacs artificiels ou naturels, zones marécageuses, systèmes d’irrigation, riziculture, …).C’est une maladie rurale, touchant majoritairement l’enfant. L’UB est très répandu dans quatre pays d’Afrique de l’Ouest : le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Ghana et le Togo où le nombre de cas pour 100 000 habitants est chiffré respectivement à 15,04; 10,64; 3,34 et 2,56.

Transmission

La transmission humaine est probablement directe et transcutanée à partir des points d’eau. Plusieurs scénarios ont été évoqués :

  • des lésions traumatiques (coupures, plaies ouvertes) pourraient s’infecter lors d’un contact direct, plus ou moins prolongé avec de l’eau contaminée.
  • Les mycobactéries présentes à la surface de la peau pourrait être introduit dans les tissus sous-cutanés par divers traumatismes (injections, morsures, blessures par explosions de mine ou armes à feu).
  • des punaises d’eau infestées par les bacilles pourraient transmettre la maladie par piqûre. Le rôle des punaises aquatiques comme hôte de M. ulcerans est maintenant clairement établi et leur rôle comme vecteur a été démontré expérimentalement.

L’UB atteint préférentiellement les enfants à partir de 2 ans (dans plus de 50% des cas il touche les enfants âgés de moins de 15 ans), sans prédilection de sexe. Il atteint plus souvent les femmes que les hommes à l’âge adulte (rôle des points d’eau).

Les aspects de la maladie

Dans environ, 60% des cas, les lésions touchent les membres inférieurs, 30%, les membres supérieurs. L’ulcère de Buruli démarre souvent par une tuméfaction (nodule) indolore. Il peut aussi se présenter initialement sous forme d’une large zone d’induration indolore (plaque) ou d’un œdème diffus et indolore des jambes, des bras ou du visage. Le pouvoir immunosuppresseur de la mycolactone (cette toxine destructrice est produite par la bactérie), permet à la maladie d’évoluer sans douleur ni fièvre. Les ulcères peuvent parfois se compliquer d’une infection secondaire de l’os (ostéomyélite) ou d’une infection secondaire de la plaie par d’autres bactéries. Les contractures engendrées par les cicatrices, les ablations importantes au niveau des plaies ainsi que les amputations parfois nécessaires, entraînent souvent des handicaps importants.

Traitement

Le traitement repose sur 4 éléments :

  1. la chirurgie : A un stade précoce, elle permet d’exciser facilement la lésion et de guérir le patient. A un stade plus avancé, le geste chirurgical vise à enlever les tissus infectés de l’ulcère. Cela se révèle souvent très délabrant. Des greffes de peau sont nécessaires pour recouvrir ensuite les ulcères étendus.
  2. les pansements des ulcères
  3. les antibiotiques dont l’efficacité est en cours d’évaluation.

Le Père Christian Steunou transporte les malades atteints par l’ulcère de Buruli dans un dispensaire situé à 60 km de Davougon : le centre Gbemontin de Zagnanado. (reconnu par l’O.M.S, comme un Centre pilote dans le traitement de l’ulcère de Buruli).

Avec Soeur Julia Aguiar, la responsable du centre de soins , ils opèrent jusqu’à 50 malades dans la journée.